La vallée de Dardennes et du Las
Cartes postales et photos anciennes

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Entrée de la Vallée de Dardennes - Poudrières du Las

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La mystérieuse poudrière des Moulins à Toulon à vendre

Mathieu Dalaine, Var Matin - 2013



L’État vend aux enchères la poudrière des Moulins à Toulon, un ancien site militaire qui, outre des galeries souterraines, pourrait renfermer une nécropole et des munitions de la Seconde Guerre mondiale. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'en veulent plus. Et qu'ils ne savent pas comment s'en débarrasser. Depuis une trentaine d'années maintenant, les services de l'État cherchent à se séparer du terrain des « Établissements de la colline Saint-Pierre », au 245, avenue des Meuniers. Mais faute d'acquéreurs « naturels », de collectivités intéressées ou de procédures de cession fructueuses, cette friche industrielle et militaire, route du Revest, n'a jamais trouvé preneur. Aujourd'hui, les services des Domaines vont donc jouer leur va-tout avec une vente aux enchères ouverte aux particuliers. Mise à prix du bien : autour de 225 000 euros.

Si alléchante soit l'offre sur le papier – environ 10 % inférieure aux prix du marché -, rien ne permet malgré tout d'affirmer que ces 7 hectares, aussi appelés « poudrière des Moulins », finiront par trouver un nouveau propriétaire. Et cela tient sans doute moins aux contraintes du site – pentu, avec espace boisé classé et une large partie inconstructible – qu'à son histoire tourmentée. D'après les érudits, cette ancienne réserve de munitions, construite en 1888 et aménagée au fil du temps, serait en effet hantée depuis 70 ans. Oui. Hantée.



Un haut lieu de la Libération



Le terrain ne manque pourtant pas de poésie. À deux pas du Las, au milieu de la végétation envahissante et d'étranges ruines, une villa de 1902 trône, vestige d'un gardiennage depuis longtemps abandonné. Ce fascinant tableau est complété par trois tunnels de béton qui s'enfoncent de 135 mètres sous la colline. Un véritable décor de cinéma, avec sa face d'ombre : la « P4 ». Un quatrième souterrain, impénétrable celui- ci, qui s'est effondré le 21 août 1944.

Ce jour-là, les troupes du colonel de Linarès sont aux portes de Toulon. Mais au lieu-dit Les Moulins, une poche de résistance allemande, forte de plusieurs centaines de soldats, défend avec acharnement l'entrée de la ville… et des pièces d'artillerie lourde nichées dans les terriers de la poudrière. Il faudra 48 heures de terribles combats pour faire taire l'occupant. Et un tir sur la « P4 » qui fera mouche.

« Soudain, une formidable explosion ébranle la partie sud de la poudrière. (…) C'est le wagon de munitions, touché par un obus, qui a fait exploser un dépôt de mines sous- marines entreposées à l'entrée de la galerie. Cette dernière s'effondre, ensevelissant ses occupants à tout jamais », racontera François de Linarès (1), le fils du colonel. Dans le silence des nuits d'été qui suivront, des riverains assureront avoir entendu des chiens aboyer, puis des coups de feu éclater dans les entrailles de la colline.



Un site jamais dépollué



Les « bruits » ont cessé. Pas le souvenir de ce fait d'armes, relaté dans les ouvrages d'histoire et perpétué par quelques passionnés. L'officier de sapeurs-pompiers Albert Meuvret l'a évoqué dans son livre « Explosions à Toulon » ; l'hydrospéléologue Philippe Maurel connaît ces souterrains par cœur. Comme Michel Augier, un passionné de patrimoine local, qui a remué ciel et terre pour faire la lumière sur le passé tourmenté des lieux. « J'ai alerté les associations allemandes d'anciens combattants, les autorités militaires, les pouvoirs publics… jusqu'au nonce apostolique, pour interpeller le Pape ! Je n'ai jamais eu de réponse à mes interrogations. »

Combien de soldats allemands ont-ils été ensevelis ? Et avec eux, quelle quantité de munitions ? Un danger existe-il toujours autour de la « P4 », dont la cheminée d'aération (désormais bouchée, mais accessible par sa base) aurait été visitée par d'inconscients « chasseurs de trésor » ? Le seul indice est à trouver dans les archives de la Défense. C'est un rapport militaire de dépollution du 10 juin 1988. On y apprend que la « poêle à frire » a sondé 50 cm d'épaisseur au-dessus de la fameuse galerie écroulée, avec, pour seules découvertes, des cartouches et de rares grenades. « Il n'y ni munition, ni reste humain apparent » est-il écrit. « S'ils existent, ils sont manifestement enfouis sous plusieurs mètres de blocs rocheux… »

Ces tonnes de gravats qui se sont effondrés il y a 70 ans, eux, n'ont jamais été remuées. Opération trop délicate. Ou trop chère. Telle une chape, de la terre végétale est, depuis, venue sommairement combler les vides. Le quartier s'est largement peuplé. Sauf sur ce mystérieux terrain.



Un terrain, trois tunnels, plusieurs possibilités



Cet ensemble de la colline Saint-Pierre abritait jadis l’une des quatre poudrières du Las, construites fin XIXe. Comme les autres, un chemin de fer la reliait à la pyrotechnie principale. Pendant la Seconde Guerremondiale, les Allemands l’ont à leur tour utilisée pour entreposer des munitions. Le site a été désaffecté en tant que poudrière dans les années 1960, avant de servir à stocker les archives de la Sécurité sociale militaire. Classé en grande partie inconstructible par le Plan local d’urbanisme de 2012, le terrain accueille toutefois une maison de 125m² qu’il serait aujourd’hui possible de réhabiliter. Les tunnels ? « C’est un espace de stockage au très grand potentiel. » assure Nicolas d’Auzac, à la tête du service Domaine de la Direction départementale des finances publiques du Var. Quant à la galerie effondrée, possiblement « polluée », il est évidemment« interdit » d’y mettre son nez ou d’y réaliser des travaux. « Le propriétaire qui le ferait se mettrait dans l’illégalité et ce serait à ses risques et périls. »

Lire aussi

François de Linarès, « Par les portes du Nord : la libération de Toulon et de Marseille en 1944 », Nouvelles Éditions Latines, 2005.

Paul Gaujac : « La Bataille et la libération de Toulon : 18 au 24 août 1944 »,Nouvelles Éditions Latines, 1994.


Titre
Entrée de la Vallée de Dardennes - Poudrières du Las
Author
Edition Imbert Tabacs-Bar Place de la Régie
Collection
Philippe Maurel
Descriptif
CPA
Dimensions
3000*1898
File
CPA_Toulon0194.jpg
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Image id
3030
Nom original du fichier
CPA_Toulon0194
Copyright
N/A

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